L'art du questionnement en formation

19 janvier 2021

$title

Cet article est issue à l’origine d’une contribution à l’ouvrage “Réinventez vos formations avec les neurosciences” auquel j’ai participé avec Aurélie Van Dijk.

Pour commencer, quelques exemples de questions contre-intuitives :

pour sensibiliser à l’égalité professionnelles, sur la force des stéréotypes : « une majorité de garçons âgées de 16 mois à 5 ans aspirent à devenir pompiers ou policiers. Mythe ou réalité ? »

Pour former à la gestion du stress : il est admis scientifiquement qu’il existe un bon et un mauvais stress. On peut donc manager par le stress. Mythe ou réalité ?

Pour former à l’accompagnement du changement : le changement par nature génère des résistances. Toute situation de changement comporte donc des acteurs faisant acte de résistance. Mythe ou réalité ?

En stage de formation, avec les participants, je trouve utile de poser ce type de questions pour dina- « myther » certaines croyances, vérités préétablies, neuromythes*

Il nous arrive bien souvent ( de plus en plus ?) de prêter du crédit, de façon irréfléchie, à certaines affirmations, lesquelles souvent répétées sur un ton péremptoire prennent le caractère de vérités implacables ( amplifiée par la validation sociale massive que permet les réseaux sociaux ).

Aussi le procédé de la question contre-intuitive consiste :

- Soit à confronter une contre-vérité qui pourrait toutefois sembler parfaitement plausible en la soumettant au jugement des participants , le plus souvent sous la forme d’une question fermée ou semi ouverte.

- Soit à soumettre aux jugements des participants une proposition vraie, c’est-à-dire vérifiée sur le plan des faits, mais qui pourrait sembler aller à contre courant de l’opinion, du sens commun, des évidences ou intuitions couramment admises depuis longue date.

Ce procédé se rapproche de la nécessaire rupture avec les notions communes ou « rupture épistémologique », préalable essentiel pour permettre une « formation de l’esprit scientifique » (Gaston Bachelard) afin d’avoir accès à une vraie connaissance éprouvée par expérimentation. Une connaissance scientifique est en effet une connaissance qui résiste à la réfutation de l’expérimentation ( Karl Popper ).

En plus d’inviter les participants à éprouver la nécessité de mettre à distance les préjugés sans pour autant les nier, le questionnement contre-intuitif permet de former le jugement au discernement, en identifiant les mécanismes de croyance (mythe) et les critères d’un savoir éprouvé ( réalité ) et ouvre sur un mode d’apprentissage actif et réflexif pour développer notre capacité de discernement surtout dans une époque où les faits se trouvent plus que jamais en concurrence avec les fakes … y compris dans l’ère post-Trump !

Tristan de Fommervault